Elizabeth Graam

Jusqu’à preuve du contraire, il me semble que je suis une jeune femme de bonne famille…

Je suis née le 18 Décembre 1973 donc si vous calculez bien, j’ai 34 ans, bientôt 35 à dire vrai mais… je n’aime pas trop qu’on me le rappelle. (Et oui, bientôt la crise de la quarantaine.)

Il fut un temps j’ai été fiancée mais… il faut croire que je ne dois pas être assez douée pour garder les êtres qui me plaisent à mes côtés. Je vous expliquerais plus tard pourquoi je dis ça…

Depuis toute petite j’adore tout ce qui est ancien : Préhistoire, Egypte, Romain… J’ai toujours adoré farfouiller dans le sol à la recherche d’un quelconque trésor alors dès que mes études me l’ont permises, je me suis dirigée vers l’archéologie. Ma spécialité ? Les Templiers ! Pourquoi ? Il faudra vous armer de patience.

Mes ancêtres ont toujours été en France. Du moins, de ce que ma mère m’a dit. Pourtant, je sais que j’ai des origines italiennes. Comment je le sais ? J’ai entrevue une fois mon oncle, le frère de ma mère et c’est lui-même qui m’a dit que ma vie était ailleurs. Mais qu’est-ce que ça veut dire… ?

Comment me décrire ? Vous en avez de bonnes tiens… Je pense être dans la moyenne en disant que je mesure 1,65m. Oui, je sais, je ne suis pas très grande mais que voulez-vous, à part mon père qui mesurait plus d’un mètre quatre-vingt-dix, nous sommes tous de taille standard.
Mes cheveux noirs me viennent de mon ancêtre, vous savez, celle dont je vous ai parlé… Mais si… Vous avez déjà oublié ? Ça fait plaisir… De toute façon, pour être franche, on ne peut que rarement les admirer, préférant de loin les attacher en queue de cheval ou alors en chignon. Les rares fois où ils seront détachés sont sous la douche et quand je me couche donc, vous ne les verrez jamais !
Pourquoi me regarder ainsi… ? Ah, mes yeux ? Je ne dirais pas qu’ils sont passe partout car noisette avec un zeste de vert reste encore une couleur peu commune mais je sais qu’ils pénètrent assez bien la pensée des personnes qui me font face. Oui, je pense qu’avec un seul regard j’arrive à voir votre âme… (rires) Vous auriez dû voir votre tête… Non, j’arrive à cerner les gens et voir ceux qui mentent mais comme vous le savez, il y existe toujours des gens plus doués que les autres.
Vous voulez savoir comment je m’habille ? Je ne vois pas en quoi ça vous regarde ! De toute façon, si vous pensez me voir un jour en robe, c’est raté ! La seule robe que j’ai mise c’était lors de mon baptême. Je déteste ces accoutrements ! Pour faire ce que je fais, ce n’est vraiment pas pratique ! Imaginez-vous à quatre pattes en train de faire des fouilles avec une robe ou une jupe… ? Non, vraiment, je préfère de loin un bon vieux jean et une chemise. Non je ne mets pas que ça mais je ne vais tout de même pas vous sortir toute ma garde de robe si ?!

Comment définir son propre caractère… ? Sérieusement, vous pensez que c’est facile… ? J’ai compris… Je vais essayer mais je ne vous promets rien ! Je suis du genre timide, et oui, qui l’eut cru hein ? Lorsque je ne connais pas vraiment bien les gens, je perds tous mes moyens, ayant peur de faire une gaffe ou de faire n’importe quoi. Comme vous vous en doutez, c’est dans ce genre de cas que l’on fait les pires choses... Pourtant, à côté de ça, dès que je suis dans mon élément, vous ne pourrez rarement me faire taire. Et la timidité s’envolera par la même occasion. Que les gens sont étranges mais que voulez-vous, c’est ainsi. Mon plus gros défaut ? La curiosité. Ma mère me répétait sans cesse que c’était un très vilain défaut. Je pense, à son contraire, qu’il m’a permis de découvrir de nouvelles choses et d’en arriver là où j’en suis désormais. Si ma mère m’entendait…
Une chose que vous devez savoir, je ne supporte pas l’injustice ! C’est peut-être étrange d’entendre ça de nos jours mais voir quelqu’un prendre à la place d’un autre m’insupporte plus que tout. Et il y a tellement d’injustice de nos jours…
J’aime les choses simples de la vie, un bon film romantique avec un gros pot de glace, un bon livre écrit sous un autre temps, la pluie qui tombe sur la fenêtre et ma chatte Kitty. Oui, ce sont-là les petits instants de la vie que j’aime particulièrement.
Si je suis croyante ? Bien évidemment ! Il faut dire qu’avec des parents catholiques et une mère plus que pratiquante, il était forcé que je le sois par la force des choses. Mais voilà, je trouve étrange une telle ardeur dans la Religion. Ma mère en a toujours fait des tonnes mais peut-être est-ce à cause de ça que j’ai eu envie d’en savoir plus sur la Religion, peut-être est-ce grâce à ma mère que je suis archéologue… Qui sait… ?

C’est le 18 Décembre 1973 à 15h23 que je poussai mes premiers cris. Mes parents vivaient à l’époque dans une vieille bâtisse, une demeure de mes ancêtres. Selon ma mère, elle serait l’un des derniers vestiges de la ville de Carcassonne. De toute façon, si vous écoutez ma mère, même elle est un vestige du temps passé… Oui, je m’égare, désolée… Pendant cinq ans nous avons vécus dans cette demeure, au centre même de plusieurs secrets. Lesquels ? Je ne pourrais vous les dire car moi-même je les ignore. Et puis, pour être franche, je n’aurai pu vous les dire puisque c’étaient des secrets…
Mon père était architecte et c’est à cause de son travail que nous avons déménagé à Paris, belle capitale de notre Pays, selon ma mère. Malheureusement, nous n’avons pu avoir une maison comme on en avait sur Carcassonne et nous avons dû nous contenter d’un simple appartement d’une centaine de mètre carré. Mais ne faîtes pas cette tête, ce n’est rien cette superficie… On voit bien que vous n’avez jamais mis les pieds à Carcassonne vous… Pour en revenir au déménagement, ce fut une catastrophe pour ma mère, elle qui adorait son ancienne demeure vétuste se retrouvait dans un appartement légèrement moderne. De toute façon, pour être franche, mon père dû se résigner un an après à acheter un autre appartement ayant appartenu, paraît-il à un ancien Chevalier. Vous savez, on dit ce qu’on veut sur les demeures… Ma mère en fut ravie et seule son sourire suffisait à mon père. L’Amour… Quand on dit que ça rend les gens stupides, ce n’est pas pour rien…
Mon enfance ? Oui, j’y viens… Je pense avoir été une petite fille sans histoire. Ne cherchant nullement les problèmes et ne les créant pas. Mes parents étaient fiers de moi, d’autant que je leur ramenais toujours d’excellentes notes. Ma vie fut vraiment des plus agréables. C’est vrai quand j’y repense, j’ai adoré ma vie de petite fille. Mes camarades de classe m’enviaient énormément car on m’emmenait presqu’en limousine à l’école et j’avais toujours les plus belles chaussures. Pourtant, quand j’y repense, je suis persuadée qu’elle n’aurait jamais voulu échangé leur vie contre la mienne. Pourquoi ? Vous ne connaissez pas ma mère on dirait…
Etant une fervente pratiquante, il fallait prier matin et soir, pour chaque repas, pour chaque évènement. Non, je ne dis pas que j’ai été malheureuse, loin de moi cette idée ! J’ai même beaucoup appris, même si parfois, ma mère était intransigeante. Il fallait toujours que tout soit parfait et que je sois la meilleure. Elle m’a inscrite dans les chœurs et j’y ai chanté aussi souvent qu’il le fallait. D’ailleurs, je continue à le faire de temps en temps mais avec mon métier, ça devient assez difficile…
Mon métier ? Oui, je vais y venir, ne soyez pas si pressé… Je vais déjà vous raconter comment je me suis mise à adorer l’Histoire. Je venais à peine d’avoir douze ans lorsque ma mère commença à me raconter l’histoire de notre demeure à Carcassonne, vous savez, celle dans laquelle je suis née… Elle me raconta comment nos ancêtres avaient cachés des trésors les plus fabuleux, comment ils avaient arrêtés les hérétiques et… Pourquoi vous faîtes de gros yeux ronds ? Non, ne me dîtes pas que… J’ai compris, je vais vous dire rapidement ce que c’est… Un hérétique est une personne qui va à l’encontre de la parole divine ! Il va à l’encontre de tout ce que l’on connait sur notre Religion et va même jusqu’à détruire toutes nos croyances. Voilà en quelques mots ce qu’est un hérétique.
Pour en revenir à mon histoire, cela me passionna tellement que je décidai de lire un maximum de livres sur le sujet. C’est comme ça que j’en appris plus sur ces hérétiques. Mais ce que j’avais du mal à comprendre c’est comment ils l’étaient devenus… Je voulais en apprendre plus et voilà comment mon avenir se traça.
Je fis des études d’Histoire et d’Art, au Louvres. J’appris tout sur le Moyen-Age. Je devais, pour mes études, en apprendre aussi sur la Préhistoire, l’Egyptologie et autres croyances mais, ce qui me passionnait plus que tout était les Templiers. La quête du Graal, cette fameuse légende. Et tout ce qui s’y rapportait, bien évidemment : Nizârites, plus communément appelés Assassins, les inquisiteurs, les Hospitaliers… Tout ce que je pouvais dévorer à leur sujet je le faisais. Et voilà, je trouvai ma voix ! Je deviendrais archéologue ! Ma première vraie fouille ? Je m’en souviendrais toute ma vie… Je dû partir faire des recherches dans l’Eglise Saint Sulpice, à Paris. Ne me dîtes pas que vous ne la connaissez pas car je ne vous croirais pas ! Surtout après le livre d’un auteur anglais et le film qui s’en suivit… Bref, je n’ai pas envie de polémiquer dessus. Pour en revenir à ces fouilles, elles étaient plus là pour nous évaluer que pour faire de véritables recherches. D’autant que Pierre Plantard avait avoué que le Prieuré de Sion n’était que pure invention. Pourtant, je me disais que ce n’était peut-être pas tout à fait faux. Oui je sais, quelle parjure je prononce là… Pardonnez-moi Seigneur…
J’eus mon examen et devint officiellement archéologue ! Quel bonheur… J’ai fait le tour de France sur les plus grands sites de monuments moyenâgeux. Je suis même partie en Israël pour en apprendre plus. C’est là-bas, que j’ai fait la connaissance d’un historien, un certain Gabriel… Désolée, je n’ai travaillé qu’une fois avec lui et son nom de famille m’échappe toujours… En tout cas, il était charmant, très agréable de travailler avec quelqu’un comme lui. J’espère sincèrement pouvoir retenter l’expérience…
Quoi mon oncle ? Ah oui, l’italien… Ne vous inquiétez donc pas, je ne l’avais pas oublié… Comment l’oublier d’ailleurs… Je revenais des fouilles à Jérusalem et comme pour chaque retour, j’allais directement chez mes parents. C’est là que je l’ai vu. La seule et unique fois pour ainsi dire… Henry Delmas. Je n’oublierai jamais son visage, froid, dénué de sentiment. Quelle triste vie avait-il dû avoir… ? Il discutait avec ma mère, sur mon devenir. Ne m’en demandez pas plus car moi-même je n’y ai rien compris et lorsque j’ai compris qu’ils parlaient de moi, je peux vous affirmer que je suis sortie de mes gons ! Je lui ai dit ma façon de penser ! Il venait ici alors qu’il ne s’était jamais préoccupé de moi par le passé et osait parler de "devenir" ? Vraiment inadmissible ! Ma mère avait voulu dire quelque chose mais je n’entendais pas ce qu’elle me disait. J’étais tellement hors de moi… ! Henry sortit de l’appartement et jamais plus je ne le revis. Pourtant, ces dernières phrases à mon égard se gravèrent pour toujours dans ma mémoire…

"Les Hérétiques ne sont pas morts et bientôt tu devras prendre la relève !"

Les hérétiques ? La relève ? Ma mère y croyait certainement mais moi… ? Oui, j’étais croyante, pratiquante même mais pas une fidèle comme ma mère… Et mon père dans tout ça ? Il n’en sut jamais rien, ma mère me demandant de ne pas lui en parler. De ce que j’ai pu comprendre, ma mère avait promis de rompre avec sa famille mais en contrepartie, il la laissait prier. Ne m’en demandez pas plus car moi-même je n’y comprends rien et pour être franche, à cette époque, je n’avais pas envie de savoir. Ni maintenant d’ailleurs, tout ça fait parti du passé…
Je dois vous avouer aussi qu’il y avait une autre raison pour laquelle je n’ai pas insisté sur la présence de cet Oncle dont je ne connaissais rien. Cette raison s’appelle Olivier Desmond. Qui est-il ? Aujourd’hui il n’est qu’un vague souvenir qui erre dans les méandres de ma mémoire mais il fut un temps où Olivier occupait toutes mes pensées. Je vais vous dire un peu plus sur son sujet pour que vous sachiez qu’il est impossible pour une personne du sexe opposé d’essayer une quelconque approche à mon égard.
Olivier et moi faisions les mêmes études mais aussi étrange que cela puisse paraître, nous nous sommes vraiment connus lors d’une fouille commune à Provins. Et oui, la Cité Médiévale cache de fabuleux trésors vous savez… Je sais, je ne suis pas là pour parler de ça. Olivier était quelqu'un de généreux, intègre, gentil… Tout du Prince Charmant. Enfin, c’est ce en quoi je me complaisais d’y croire. Vous allez rigoler mais la première qu’on s’est retrouvé en tête en tête c’était lors d’une recherche. On était tellement passionné que nous n’avons pas vu que nous étions les seuls dans la bibliothèque. Nous nous sommes découvert beaucoup de points communs et… ce qui devait arriver, arriva. Nous sommes tombés amoureux l’un de l’autre. Cinq ans, cinq ans d’intense bonheur. Nous avons tout partagé : secrets, folies, joies, peines, amitiés... Nous nous étions fiancés et nous devions nous marier mais la vie en a décidé autrement. En fait, il y eut une autre fille, Lyne. C’était une de mes camarades de classe. On était souvent fourré ensemble. D’ailleurs, on nous appelait les "jumelles". Je trouvais cela amusant jusqu’à ce qu’Olivier me quitte à trois mois de notre mariage pour aller, le lendemain, dans les bras de Lyne.
Voilà comment se résume ma vie sentimentale, un sombre échec… C’est pourquoi je ne veux plus m’encombrer de ce sentiment. Il tue une personne rapidement ! Ce qui m’a sauvé ? Mon travail et ma passion pour les recherches. C’est grâce à cela que je suis là actuellement. Bon, assez parler de moi ! On ne va tout de même pas écrire mon histoire !